Le tribunal des Khmers Rouges

Khmers rouges : Le procès de 1979 prime sur celui de 2009
29-03-2009

Le Conseil des ministres refuse que le 30 mars, date de l’ouverture du procès de Duch, devienne un jour national.


Archives CSH

Le 30 mars sera finalement un jour comme les autres. Tel en a décidé le Conseil des ministres cambodgien, alors que plusieurs ONG avaient proposé au gouvernement de transformer cette date en journée nationale, eu égard au procès des Khmers rouges.
“Le 30 mars où Duch va être jugé ne peut pas être considéré comme le premier jour de justice rendu aux victimes du régime khmer rouge, parce que l’on a déjà jugé une fois d’anciens dirigeants khmers rouges en 1979. Dans le passé, nous avons considéré le 20 mai comme la journée de la haine contre le génocide avant de la transformer en journée de commémoration pour les victimes. Et jusqu’à présent nous continuons de célébrer cette journée”, explique le bureau du porte-parole du Conseils des ministres dans un communiqué.

Pour appuyer sa décision, le Conseil indique qu’ajouter le 30 mars à la liste des journées nationales équivaudrait à accorder une trop grande valeur aux personnes qui ont supporté ce régime.

“ Le 30 mars marquera un nouveau pas pour prouver le succès des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens à juger Duch et les ex-dirigeants khmers rouges. C’est un succès pour l’image du partenariat entre les Nations unies et le gouvernement cambodgien”, se félicite déjà le Conseil des ministres dans le communiqué.
A. N. et U. Ch.

François Bizot témoigne en faveur de Duch
08-04-2009


L’auteur du Portail a évoqué sa détention de trois mois à M-13 en 1971, et exprimé l’impression mitigée que lui inspirait Kaing Guek Eav à l’époque.

François Bizot a été le premier témoin cité dans l’affaire n°1, et a été invité à répondre aux questions du Tribunal, mercredi 18 avril devant les Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux cambodgiens (CETC).

L’ethnologue, aujourd’hui âgé de 69 ans, et domicilié à Chang Mai, en Thaïlande, a prêté serment avant de raconter les circonstances de son arrestation et ses conditions de détention.

« J’ai été appréhendé par les Khmers rouges à Oudong, et transféré à M-13 parce qu’on m’accusait d’être un espion de la CIA, se rappelle-t-il. J’ai été menotté et enchaîné par le pied. La chaîne, prévue pour des pieds de Cambodgiens, me faisait très mal. Duch m’a donné un livre pour que je fasse ma confession par écrit. »

François Bizot, qui pensait être exécuté par la suite, a également consigné sur ce livre ses souvenirs d’enfance, des poèmes et des textes sur l’amour que lui inspirait le bouddhisme. Bien que le document lui ait été remis à sa libération de M-13, l’ethnologue affirme « ne jamais l’avoir rouvert ».

« Duch m’a interrogé au moins une fois par semaine, a indiqué François Bizot. Avec moi, il était très poli, ne m’a jamais battu. C’était un homme qui travaillait beaucoup mais qui ne parlait pas trop. Il semblait qu’il était prêt à tous les sacrifices. »

Lorsque Duch lui a annoncé sa libération prochaine, François Bizot a commencé par ne pas le croire. « Tout le monde mentait, à l’époque, et je ne savais pas quoi penser de Duch. Un soir, alors que je me lavais, et j’étais le seul à avoir ce privilège, j’ai vu un soldat qui affûtait un bâton en rotin. Je lui ai demandé pourquoi, et il m’a dit que Duch allait s’en servir le lendemain pour battre ses prisonniers… Alors oui, mon esprit était confus. »

François Bizot a également estimé que Duch n’était pas en mesure de refuser les ordres qui lui étaient donnés. « C’était un jeune homme qui avait été nommé pour ce travail, il fallait le meilleur résultat possible. »

Le 17 février, François Bizot avait affirmé qu’il refuserait d’être cité comme témoin à décharge. C’est pourtant Kar Savuth, avocat de la défense, qui l’a appelé à témoigner.

Le matin, de vifs débats avaient eu lieu entre les parties. Interrogé par l’avocate allemande des parties civiles Silke Studzinsky, Duch lui a répondu en marquant sa condescendance, remarquant qu’elle n’employait pas les bons termes.

Pour en savoir plus, lire Cambodge Soir hebdo jeudi 9 avril.

Ung Chansophea