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La vérité sur Sam Sary

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La vérité sur Sam Sary Empty La vérité sur Sam Sary

Message  Vicheya Mar 28 Avr - 11:07

Sam père, Sam fils



Je prie les personnes à qui j’ai annoncé la publication de cet article de me pardonner mon retard. En effet, la masse d’archives compulsée était considérable. De plus, je dois reconnaître que j’ai rédigé mon texte sans joie car, plus les archives révélaient les « vies » successives de Sam Sary, plus j’avais de répugnance à réveiller un passé que ce personnage n’a sans doute pas fini de purger dans l’au-delà. Alors, pourquoi m’attarder sur l’échec d’un destin qui avait commencé si brillamment ? Pourquoi ne pas continuer de laisser faire la justice du Ciel dont tous les bouddhistes savent qu’elle est bien plus implacable que celle des hommes ? Parce que, d’une part, j’avais promis à mes amis que je les éclairerais sur l’histoire de Sam père, et d’autre part, parce que mon éthique personnelle me commande de ne pas laisser courir de mensonges sur un homme intègre tel que le Prince/Roi Sihanouk qui, de l’avis des diplomates, journalistes et historiens impartiaux qui furent les témoins directs de l’histoire du Cambodge depuis 1953, est un authentique patriote préoccupé seulement par les intérêts supérieurs de la nation khmère.

Ce qui suit est le résultat d’une laborieuse recherche documentaliste et d’une enquête menée auprès de Khmers et d’étrangers ayant bien connu l’histoire du Cambodge de cette époque.


Sam Sary faisait partie du premier cercle des proches de la famille royale. Il comptait parmi ceux qui offrirent un soutien précieux pour la Croisade royale pour l’Indépendance que le Roi Sihanouk mena pour obtenir de France qu’elle reconnaisse l’indépendance et la souveraineté du Cambodge.

Contrairement à ce que Sam Rainsy, son fils, laisse entendre, Sam père ne fut pas persécuté par le Prince Sihanouk, mais bénéficia constamment d’une indulgence qui fit grincer bien des dents car Sam père était généralement détesté par la classe politique khmère.

Le Prince Sihanouk appréciait tant Sam père qu’il le nomma Vice-Premier Ministre. Hélas, Sam père se considérait au dessus des lois. Le gouvernement ne tarda pas à informer le Prince Sihanouk d’un trafic de licences d’importation auquel se livrait Sam père. Le Prince Sihanouk refusa de croire que son ami pût se rendre coupable de malversations mais les témoignages et les preuves fournies ne laissaient aucune place au doute. En pleurant, Sam père fut contraint de donner sa démission, que le prince Sihanouk accepta les larmes aux yeux, lui aussi (Tearful Times[1], Time Magazine, numéro du 10 juin 1957). Pour manifester son repentir, Sam père se rasa la tête et se retira quelque temps dans une pagode.

Bravant le mécontentement général, le Prince Sihanouk ne prit aucune autre sanction contre son Vice-Premier ministre. Et en janvier 1958, il le nomma Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Londres. Un nouveau scandale ne tarda pas à éclater. Sam père s’installa donc dans la capitale britannique, à la Résidence de l’Ambassade du Royaume du Cambodge, avec son épouse, ses enfants, et deux concubines. Jusque là, il n’y a rien à redire puisque la polygamie était légale au Cambodge. De plus, la seconde concubine était officiellement présentée comme une gouvernante, et les apparences étaient à peu près sauves. Mais Sam père était un homme si violent qu’au bout de quelque temps, Iv Eng Seng, la seconde concubine, courut montrer ses blessures aux Autorités britanniques et demanda leur protection. Bien évidemment, la presse anglo-saxonne s’empara de ce qui devint « L’affaire Sam Sary », et compatit au sort de la jeune femme et de l’enfant qu’elle avait eu de Sam père. Celui-ci réfuta avec morgue les accusations de la jeune femme et rétorqua qu’il n’avait jamais fouetté quiconque au visage, mais qu’il visait seulement le dos et les cuisses. De plus, il adressa une note de protestation au Foreign Office (ministère britannique des Affaires étrangères). Les lecteurs friands de ce genre de scandales mêlant sexe, violence et personnes publiques peuvent se procurer tous les détails et photos publiés à l’époque par le Daily Mirror, ainsi que l’article du Time Magazine du 21 juillet 1958 intitulé Sam the Whipper[2]. Un excellent scénario pour séries télé.

Sommé par le gouvernement cambodgien de venir s’expliquer à Phnom-Penh, Sam père soutint avec arrogance qu’il n’avait commis aucune faute grave, se prévalant probablement de la protection du Prince Sihanouk. Mais le gouvernement exigea que Sam père quittât définitivement ses fonctions d’ambassadeur auprès du Royaume-Uni, et le Prince fut contraint d’y consentir. Une fois encore, le Prince Sihanouk ne prit aucune sanction et fit entrer Sam père au Haut Conseil du Royaume !

Peu de temps après, Sam père partit pour le Vietnam du Sud où il rejoignit Son Ngoc Thanh, un ennemi du prince Sihanouk acquis aux Etats-Unis d’Amérique.

Quelques mois après le départ de Sam père, on apporta un paquet avec une carte manuscrite au Palais royal, dans la chambre du Roi Suramarit et de la Reine Kossomak, qui étaient montés sur le trône après l’abdication du roi Sihanouk leur fils. C’était un colis piégé, programmé pour un moment où les souverains se trouvaient habituellement dans leur chambre. Ils échappèrent par miracle à l’attentat, mais l’explosion tua le Prince Vakrivann, membre de la famille royale, et de nombreuses autres personnes parmi le petit personnel de service.

Parmi les restes humains, on retrouva des morceaux de la carte manuscrite qui accompagnait le paquet piégé. Une expertise graphologique commandée en France révéla que l’écriture était celle de Sam père. La police ordonna immédiatement l’arrestation de Mme Sam Sary. Le Prince Sihanouk ne tarda pas à ordonner sa libération. Kou Roun, Ministre de la Sécurité, qui comme beaucoup d’hommes politiques, haïssait Sam père, décida de faire conduire Mme Sam et ses enfants à la frontière du Vietnam du Sud.

D’après mes informations, les services spéciaux américains eux-mêmes sont incapables de donner avec certitude la date et les circonstances précises de la mort de Sam père, en toute probabilité survenue au Vietnam du Sud à la suite de graves désaccords avec d’autres employés de la CIA. La seule chose qui soit absolument certaine, c’est que le prince Sihanouk ne fut pour rien dans la disparition de Sam père, en dépit de ce que Sam fils cherche à faire croire dans le film de Gilles Cayatte.

« Let bygones be bygones[3] ». Cette sage recommandation anglo-saxonne s’accorde parfaitement avec la philosophie bouddhiste. C’est avec un sentiment de profond écœurement que j’ai exhumé des faits qu’il eut mieux valu laisser ensevelis dans les limbes du passé. Ai-je violé les principes de la compassion bouddhiste ? Je me suis contentée, par souci de rétablir la réalité de faits clairement documentés, de réagir aux accusations explicites ou implicites de Sam fils.

En vérité, c’est Sam Rainsy qui s’est rendu coupable d’impiété filiale, Sam Rainsy qui pourtant se rasa le crâne et revêtit la robe des religieux bouddhistes. Mais ce devait être au cours d’une autre « vie ».


Hangsa Keith

26 mars 2009


Sources : http://kambuja.org/blog/?page_id=79
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